La diététique clinique

Comment lire une analyse de sang ?

Par Nicolas - 16 minutes de lecture
comprendre analyse de sang

Il existe de multiples raisons d’avoir recours à une analyse de sang (avec ou sans problème clinique), les résultats étant parfois compliqué à lire ou à comprendre à tel point que c’est généralement le commanditaire de l’analyse sanguine qui traduit cela. Or, que vous soyez sportif ou non, malade ou non et d’une manière générale quelle que soit la motivation pour faire une prise de sang, je vous explique les principaux indicateurs.

Sommaire

Pourquoi faire une analyse de sang ?

Les examens biologiques doivent répondre à plusieurs objectifs :

  • Diagnostiquer une pathologie éventuelle, suspecter des déficiences nutritionnelles,  ;
  • Dépister les pratiques illégales par l’usage de produits dopants.

Le suivi biologique longitudinal permet d’optimiser l’orientation, le contrôle et le suivi d’une personne par la détection d’éventuelles anomalies présentes. L’objectif est d’accompagner, d’aider la personne à maintenir son intégrité mentale, physique, et physiologique, et prévenir, le cas échéant, toute pathologie médicale (traumatologique, hormonale…).

Mes conseils pour un examen biologique

  • NFS
  • Bilan inflammatoire
  • Bilan ferrique
  • Bilan lipidique
  • Bilan glycémique
  • Bilan ionique
  • Bilan Enzymatique
  • Bilan rénal
  • Bilan hormonal

Numération Formule Sanguine (NFS)

Cet examen permet de diagnostiquer des anomalies hémolytiques, inflammatoires, infectieuses et/ou carentielles.

Paramètres clés :

  • Les Hématies : il s’agit du nombre de globules rouges par mm3 de sang. Leur rôle est de transporter l’oxygène vers les muscles. Un chiffre bas diminue le rendement énergétique de l’athlète.
  • L’Hémoglobine (Hb) : protéine intervenant dans le transport de l’oxygène. Plus la valeur est haute, meilleur est le transport. Avec l’entraînement et les compétitions, cette valeur diminue.
  • Hématocrite : pourcentage correspondant au volume de globules rouges (GR) présent dans le sang. Plus ce taux est élevé, meilleure est l’oxygénation des tissus. Avec l’entraînement et les compétitions, ce taux diminue.
  • Volume Globulaire Moyen (V.G.M.) : il s’agit de la taille moyenne des GR. Une valeur trop élevée indique des GR trop gros et donc limités dans leur déplacement au niveau sanguin. Les muscles seront donc moins bien approvisionnés en oxygène.
  • Plaquettes : nombre par mm3 de sang. Elles interviennent dans la coagulation. Une valeur élevée reflète souvent une infection et/ou une inflammation.
  • Leucocytes : nombre de globules blancs par mm3 de sang. Une hyperleucocytose est normale après un effort intense et soutenu, après un stress important. Pathologiquement parlant, elle est associée à des phénomènes inflammatoires et infectieux.

Bilan Inflammatoire

Vitesse de sédimentation (VS)

La VS correspond au temps nécessaire éléments sanguins pour sédimenter. La VS dénote un état inflammatoire chronique mais non spécifique.

Protéine C-Réactive (CRP)

La CRP est une protéine qui s’élève très rapidement au cours de processus inflammatoires et reflète une inflammation aigue. Cela peut être secondaire à une infection, un trauma articulaire ou musculaire, à une intolérance de la charge d’entraînement….

Bilan Ferrique

Fer sérique

Le Fer sérique correspond au fer contenu dans le sérum. Le fer participant à la formation de l’hémoglobine (localisée au niveau des globules rouges dans le sang) et de la myoglobine (au niveau des tissus musculaires), intervenant dans le transport de l’oxygène dans l’organisme, une carence provoque très souvent une sensation de fatigue.

Ferritine

La Ferritine est une protéine de stockage du fer qui permet de réguler l’absorption du fer en fonction des besoins de l’organisme. En cas de carence importante en fer, d’hémorragies, de régime végétarien mal équilibré, le taux de ferritine dans le sang a tendance à être très bas.

En cas de surcharge en fer du sang, à l’inverse, le taux de ferritine a tendance à être élevé et se voit en cas de syndromes inflammatoires, infectieux, d’hépatite aigue ou d’hémochromatose par exemple.

Transferrine

La Transferrine, ou sidérophiline, est une protéine du sang synthétisée par le foie qui se combine au fer et le transporte vers les organes. On peut noter que :

  • Une diminution du coefficient de saturation (<35%) est le signe d’un manque de fer dans est le signe d’un manque de fer dans l’organisme soit par anémie par carence martiale (apport alimentaire insuffisant), soit par augmentation de l’utilisation du fer par à cause d’un effort physique fréquent, au cours de réactions inflammatoires aigues, croissance, d’une mauvaise assimilation du fer par le système digestif, de la présence d’hémorragies chroniques, ou encore d’une infection chronique.
  • Une augmentation du coefficient de saturation (>35%) est le signe d’un excès de fer dont la cause peut être une intoxication par le fer, une hémochromatose (pathologie due à une surcharge en fer de l’organisme), une carence en protéines, une inflammation, une insuffisance rénale, un déficit en pyridoxine (appelée également vitamine B6)…

Le Fer sérique et la Ferritine participent au diagnostic de l’anémie chez le sportif (ferriprive ou hémolytique) et permettent de connaître le cause, souvent corrélée à une carence martiale. Les phases d’entraînement et de compétitions entraînent une diminution de l’hématocrite et du taux de l’hémoglobine. L’anémie peut correspondre aussi à une élimination excessive du fer par transpiration, une augmentation de l’élimination secondaire à des troubles digestifs (diarrhées, syndrome de malabsorption…), une alimentation pauvre en fer.

Les symptômes de l’anémie fréquemment rencontrés sont la fatigue, une contraction musculaire moins efficace et une diminution des capacités de performance.

Une alimentation adaptée et un traitement éventuellement permettent de revenir à un état d’homéostasie interne.

Bilan Lipidique : Triglycérides (TG), Cholestérol et ses fractions LDL et HDL

Leur dosage est utile pour détecter d’éventuelles hyperlipidémies familiales, avec pour objectif par la suite d’orienter vers une alimentation prophylactique visant à minimiser leur taux sanguins. Diminution de la consommation d’alcool et/ou de glucides simples concernant les TG, apport équilibré en acides gras insaturés (omégas 3, 6 et 9) et limité en acides gras saturés, cholestérol concernant le « mauvais cholestérol » (LDL-cholestérol).

L’activité physique et sportive agit favorablement sur les concentrations en diminuant les taux de TG et LDL-cholestérol, en majorant le taux de « bon cholestérol» (HDL-cholestérol).

Remarque :

  • Le « bon cholestérol » ou HDL-cholestérol récupère l’excédent de cholestérol au niveau des cellules pour le ramener au foie et favoriser son élimination, c’est le « Nettoyeur » des artères de l’organisme. Une valeur basse est un facteur de risque cardiovasculaire ;
  • Le « mauvais » cholestérol ou LDL-cholestérol, apporte le cholestérol aux cellules. Leur oxydation entraîne le dépôt sur les artères. Une valeur élevée est un facteur de risque cardiovasculaire ;
  • Les TG, tout comme le cholestérol, sont des composés lipidiques, leur excès est néfaste et augmente le risque athérogène (formation de plaque d’athérome) du cholestérol.

L’augmentation du HDL-cholestérol et la diminution des TG est linéaire et proportionnelle à l’activité sportive, et surtout fonction du volume d’entraînement et moins de l’intensité de celui-ci. En revanche pour le LDL-cholestérol, la corrélation est moins évidente.

Une remarque concernant les femmes, le paramètre « cholestérol » doit être surveillé d’un peu plus près en cas de prise d’oestro-progestatifs (pilule) (prise de sang conseillée 1 fois par an).

Bilan Glycémique

Glycémie

Le dosage de la glycémie permet de dépister un diabète éventuel ou de contrôler un diabète connu. La glycémie est fondamentale pour le sportif. Sa variation est variable au cours de la journée, est fonction de l’entraînement, du moment pré-, per- et post-effort, de la nutrition mise en place (notions d’index glycémique des aliments, de composition des repas,…).Le risque le plus important chez un sportif diabétique est l’hypoglycémie, souvent pendant ou après l’effort. Une baisse de la glycémie, voire une hypoglycémie est synonyme de contre-performance, voir d’abandon dans les cas extrêmes du fait d’une diminution des capacités de l’athlète. A jeun la normalité est 1g.L-1 +/- 15%.

Toute anomalie de la glycémie doit faire l’objet d’examens de contrôles ultérieurs afin de déterminer l’étiologie.

Hémoglobine Glycquée HbA1c

L’hémoglobine glycquée HbA1c est un examen dont le résultat permet de juger l’équilibre glycémique pendant environ les 2 à 3 mois qui précèdent la prise de sang.

On sait que le sport a une action bénéfique sur l’insulinorésistance (diminution de la réponse cellulaire et tissulaire à l’insuline), la tolérance au glucose ou l’hyperglycémie post prandiale (en d’autres termes qui succède au repas).

Bilan Ionique

Sodium, Potassium, Chlore

Les taux de sodium et potassium, appelés respectivement Natrémie et Kaliémie, est intéressante pour les sportifs.

Concernant le potassium, c’est un ion intervenant dans la contraction cardiaque, la régulation de la pression osmotique intracellulaire et donc dans le contrôle de la teneur en eau des cellules, qui a un rôle dans la transmission de l’influx nerveux, la tension artérielle, l’anabolisme glycogénique. Les sportifs pratiquant des sports à catégorie de poids, amenés à pratiquer des méthodes purgatives (lavements, diurétiques, laxatifs…) ou ayant des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie avec vomissements provoqués, …) dans un but commun, celle de « maigrir ». Le risque majeur est l’hypokaliémie qui peut entraîner des risques cardiaques et musculaires (et notamment faciliter l’apparition de crampes).

S’agissant du sodium, contribuant au bon fonctionnement neuromusculaire et au maintient de la pression osmotique, le dosage est pertinent lors d’entraînements et/ou de compétitions en climat chaud, où l’effet sur la natrémie est une augmentation. L’hyponatrémie, moins courante, peut se voir dans les cas de dénutrition et/ou malnutrition par rapport à des besoins importants liés à l’activité sportive.

Enfin, le chlore participe au maintien de l’équilibre osmotique. Une déficience peut favoriser l’apparition de crampes musculaires, d’une fatigue nerveuse et/ou musculaire.

Calcium, Phosphore

Le calcium agit au niveau de la constitution des os (et des dents), de la contraction musculaire, la régulation du rythme cardiaque, aussi dans la coagulation sanguine. Une déficience augmente le risque de micro-fractures et fractures de fatigue, une faiblesse musculaire.

Le phosphore joue un rôle dans l’absorption et la fixation du calcium sur la trame osseuse, dans l’équilibre acido-basique et participe au métabolisme énergétique (ATP, Créatine Phosphate).

Magnésium

C’est un élément minéral central qui intervient dans plus de 300 réactions métaboliques, c’est un véritable « activateur » enzymatique lorsqu’il est non-déficient. Il favorise la relaxation sur le plan neuromusculaire et donc la récupération. En effet, il participe à la transmission de l’influx nerveux, à la contraction musculaire, potentialise l’utilisation du glycogène au niveau cellulaire.

Une déficience peut avoir des effets secondaires néfastes à type d’irritabilité musculaire (tétanie, spasmophilie), crampes, fatigue physique et nerveuse. Des troubles du rythme cardiaque, de l’hypertension artérielle, des troubles digestifs et des manifestations psychiques (hyperémotivité, anxiété), troubles du sommeil peuvent aussi apparaître. C’est le magnésium au niveau du globule rouge qui est dosé, appelé magnésium érythrocytaire, et qui reflète le mieux l’état de notre stock (comparé au magnésium plasmatique).

La moitié des sportifs seraient carencés. Les pertes par la sueur sont à prendre en compte dans la diminution du taux de magnésium et une complémentation est le plus souvent nécessaire lors des phases d’entraînement intense.

Bilan Enzymatique

Transaminases (SGOT ou ASAT,SGPT ou ALAT)

ALAT : Alanine-Aminotransférase (SGPT, Sérum Glutamopyruvate Transférase),

ASAT : Aspartate-Aminotransférase (SGOT, Sérum Glutamooxaloacétate Transférase)

Les transaminases sont des enzymes ayant une activité métabolique (entre acide aminé et acide α-cétonique) à l’intérieur des cellules. Ces enzymes sont présentes dans plusieurs tissus (foie, coeur, reins, muscles…) reflétant ainsi l’activité du foie et du coeur.

Les ALAT se retrouvent essentiellement dans le foie, les reins et en faible quantité dans les muscles striés et dans les globules rouges. Les ASAT se retrouvent plus dans les muscles striés, les globules rouges et dans le foie.

Une diminution de la valeur des transaminases peut suspecter une déficience en vitamine B6. Les causes d’une augmentation peuvent être dues à des efforts et/ou à des traumatismes musculaires, un problème cardiovasculaire type infarctus du myocarde, une pancréatite. Chez la femme, les contaceptifs oraux peuvent altérer le bilan sanguin.

Phosphatase alcaline

Les phosphatases alcalines sont des enzymes qui se trouvent dans plusieurs types de cellules : la muqueuse intestinale, le rein, foie, os et cerveau. Les phosphatases alcalines augmentent dans deux pathologies : les affections hépatiques (hépatites, infections hépatiques, ictère…)  et les affections osseuses (convalescence de fracture,…).

Lactate Déshydrogénase (LDH)

La LDH est une enzyme importante dans le métabolisme des glucides, présente dans certains tissus de l’organisme comme le muscle cardiaque ou myocarde, les hématies, les reins, les muscles squelettiques et le foie. Une augmentation de son taux peut se voir lors d’une hémolyse, un effort violent entraînant une « casse » musculaire (xercices excentriques par exemple).

 Créatine Phosphokinase (CPK)

La CPK est une enzyme dont la présence dans le sang permet d’aider au diagnostic d’atteinte musculaire, cardiaque ou cérébrale étant donné sa présence dans ces trois tissus. Une élévation peut être due à un traumatisme musculaire type choc, entraînement intense, piqûre intramusculaire…

Les enzymes ALAT, ASAT, CPK et LDH sont des marqueurs importants de pathologies cardiaques, musculaires ou hépatiques. En résumé, l’élévation des trois premières orientent vers l’état de surentraînement et le risque de blessures graves.

Bilan Rénal

Acide Urique et Urée

C’est une molécule quasiment insoluble dans l’eau résultant de la dégradation et de l’excrétion des purines (molécules azotées composant l’ADN, l’ATP…), véritable marqueur biologique d’intolérance à l’entraînement. Une valeur trop élevée reflète une hyperuricémie, très fréquente chez le sportif. Cela peut favoriser la survenue de pathologies musculaires, tendineuses, articulaires, voir rénales (calculs rénaux). L’alimentation du sportif, souvent les diététiques hyperprotéinées, associée à une hydratation non adaptée augmente le risque.

Associée à cela, l’hyperurémie (taux d’urée, produit du catabolisme des protéines formé dans le foie à partir de l’ammoniac dans le sang) est aussi fréquente et corrélée à une faible hydratation, une alimentation riche en protéines, un catabolisme protidique accru des tissus…

Créatinine et Clairance à la créatinine

La créatinine résulte de la dégradation de la créatine à l’effort dans le muscle et est éliminée par les reins. En temps normal, la créatinine est éliminée par les reins dans les urines. Dès que son taux augmente anormalement dans le sang, cela montre une fonction rénale insuffisante. Sa concentration diminue, à l’opposé, si les masses musculaires diminuent car ce sont les muscles qui produisent la créatinine.

La clairance à la créatinine est l’un des meilleurs marqueurs de la fonction rénale. Elle est calculée à partir des résultats des dosages de créatinine dans le sang et les urines. Elle peut aussi être estimée à partir du dosage de la créatinine dans le sang (créatinine plasmatique) et en connaissant l’âge et le poids du patient. Une valeur diminuée reflète une fonction rénale insuffisante.

Bilan Hormonal

Axe corticotrope : le Cortisol

Le cortisol est une hormone stéroïde secrétée par le cortex de la glande surrénale. C’est une donnée très intéressante pour évaluer la tolérance à l’entraînement et aux charges imposées. Son activation est directement corrélée à une adaptation physiologique à l’exercice en fonction du volume et de l’intensité. Son augmentation est corrélée positivement à ces deux paramètres. Néanmoins, un taux bas peut signaler une prise de corticoïdes, et une hypercortisolémie peut avertir par rapport à un stress important (phase d’entraînement intense,…).

Axe gonadotrope : la Testostérone

Hormone stéroïdienne, principalement secrétée par les testicules chez l’homme mais aussi, par les glandes surrénales (homme et femme). C’est un paramètre recherché souvent avec le cortisol. Le taux sanguin en testostérone est corrélé positivement à un entraînement intensif et volumineux (en d’autres termes en résistance). Un protocole d’entraînement en endurance a tendance à avoir l’effet inverse (diminution de la testotéronémie).

Axe somatotrope : l’Hormone de Croissance (GH ou Growth Hormon)

L’hormone de croissance, ou somathormone, est une hormone secrétée par les cellules somatotropes de la partie antérieure de l’hypophyse. L’intensité de l’effort augmente la sécrétion de l’hormone de croissance. Néanmoins, l’âge (diminution), la composition corporelle (plus le pourcentage de masse grasse est important, plus la sécrétion est basse), le sexe (taux moins important chez les hommes) et l’entraînement (augmentation).

De plus, l’hormone IGF (Insulin-like Growth Factor ou Somatomédine) produite par le foie et stimulée par la GH, agit positivement sur l’élargissement du cartilage de conjugaison et l’allongement de l’os, la croissance de tous les tissus et l’anabolisme (synthèse) protéique. Cependant, l’entraînement en endurance influence peu les taux de cette hormone au niveau sanguin.

En conclusion

Le suivi biologique des sportifs est une démarche globale, analytique et prophylactique, qui vise à la fois à optimiser les performances et protéger la santé des athlètes, leur intégrité physique, physiologique et psychologique.

Un bilan biologique est indispensable pour ajuster les orientations liées à l’entraînement, adapter les charges (volume, intensité), mais aussi pour affiner la prise en charge médicale et nutritionnelle.

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Nicolas AUBINEAU
Diététicien Nutritionniste du sport et en clinique